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Documents historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue
H. de Barrau - Tome 3 - 1857
page 231
Hippolyte de Barrau reprend ici l’essentiel du texte de Louis Lainé sur la famille d’Albignac.
Concernant Bertrand d’Albignac, il indique en note :
La tradition du pays dit que Dauphine était de la maison de Mostuéjouls.
page 251
TERRES ET CHATEAUX DE LA MAISON D’ALBIGNAC
La famille d’Albignac possédait autrefois en Rouergue les châteaux et seigneuries du Triadou, où elle faisait sa principale résidence ; de Veyreau, qui comprenait dans sa mouvance une petite partie du causse noir ; de Capluc, de Peyreleau, et celui de Castelnau-Peyralès antique manoir des Solages, barons de Tholet, passé aux d’Albignac par le mariage, en 1628, de François d’Albignac, Ier du nom, avec noble et puissante dame Jeanne de Solages, baronne de Castelnau.
PEYRELEAU
Peu de sites en Rouergue offrent des beautés aussi pittoresque que la vallée du Tarn à Peyreleau, bourg situé près du confluent de cette rivière avec la Jonte. Les parois de la vallée sont revêtues, dans la partie supérieure, d’énormes masses de rochers aux formes bizarres et variées, tandis que vers le bas se dessine un gracieux paysage embelli par les vignes, les amandiers, les noyers qui présentent comme un amphithéâtre de verdure, dont les eaux claires et limpides du Tarn baignent le pied. En suivant le cours de cette rivière, on aperçoit de distance en distance des ruines féodales qui couronnent les sommets de la montagne ou les rochers dénudés qui hérissent ses flancs. C’est Capluc, aiguille élancée, au haut de laquelle un ancien baron avait posé sa demeure ; Liaucous situé plus bas, en face de Peyreleau ; Peyrelade énorme rocher cubique qui servait d’assiette à un autre manoir où l’on ne pouvait pénétrer que par une tour contiguë, seul débris aujourd’hui de celte redoutable forteresse ; le vieil hermitage de Saint-Second ; Pinet, Caylus, Luganhac, châteaux jadis renommés par leur force, et dont il reste à peine des vestiges ; enfin Mostuéjouls, noble séjour de vertus héréditaires, et dont le manoir rajeuni surmonte un mamelon, d’où la vue embrasse ce magnifique ensemble.
L’ancien château de Peyreleau qui existait encore en 1427 faisait autrefois partie du domaine de la maison de Sévérac. Les seigneurs du Triadou n’en devinrent possesseurs que vers le commencement du xviiie siècle. Ce fut François d’Albignac qui l’acheta ainsi que la seigneurie, moyennant 30 000 livres. Mais le marquis de Sévérac, en vendant, se réserva le droit de rachat. Il y renonça quelques années après pour 5 000 livres.
Construit en amphithéâtre Peyreleau (petra super aquas) s’élève sur un tertre dominé par un grand rocher que couronne une vieille tour couverte de lierre et une chapelle aujourd’hui remplacée par la nouvelle église. On voit encore une partie des remparts crénelés qui leur servaient d’enceinte.
TRIADOU
Pierre d’Albignac, IIe du nom, quitta le château de Mostuéjouls pour aller s’établir à Peyreleau. On montre encore, au delà du ravin, la maison qu’il habita d’abord, mais qui a pu être rebâtie. C’était un jeune homme violent, audacieux, qui ne connaissait d’autre droit que celui de la force, et qu’une vieille tradition représente comme livré à tous les débordements de la vie féodale. Le terrain qu’il avait choisi pour l’emplacement de sa demeure appartenait aux moines du Rozier de l’abbaye d’Aniane ; il s’en empara hardiment et y jeta les fondements du château du Triadou que ses descendants achevèrent. Sur ce terrain, situé près du Tarn et planté de pins, était une chapelle appelée Saint-Marlin-des-Pins, dont le nom subsiste encore, et d’où Pierre prit son armorial, trois pommes de pin .
Le prétexte de ses spoliations fut que les moines, étant obligés de fournir la barque et de payer le batelier pour le passage du Tarn, mettaient de la négligence à s’acquitter de ce devoir, et que pour s’en charger lui même, il lui fallait une indemnité. Ses procédés envers le sire de Capluc ne furent guère meilleurs, et ce ne fut qu’après la mort de ce seigneur qu’il épousa Flore sa fille.
Le château du Triadou demeura longtemps dans l’état imparfait où l’avait laissé Pierre d’Albignac (il n’avait fait bâtir que l’aile gauche). Une occasion s’offrit dans la suite à ses successeurs de continuer sa construction et voici ce qu’on raconte à ce sujet.
Les huguenots d’Alais et des Cevennes allaient de Meyrueis porter du secours aux religionnaires de Millau qui assiégeaient Creyssel, vaillamment défendu par le capitaine Arnaud de Méjanès. Ils étaient suivis de plusieurs mulets portant le riche butin qu’ils avaient fait en spoliant les églises ou en rançonnant les catholiques.
Le seigneur du Triadou (Pierre III) en fut instruit, et reçut même l’ordre d’aller leur couper le passage. Aussitôt il ramasse, autant qu’il peut, du monde et va les attendre sur le Mont-Fraysse. En habile capitaine, il partagea sa petite troupe, retint avec lui les plus courageux et fit cacher les autres dans des broussailles, avec ordre de faire feu à certain signal. Tout fut ponctuellement exécuté et les huguenots pris au dépourvu et saisis d’épouvante tournèrent le dos et reprirent le chemin de Meyrueis. D’Albignac ordonna de poursuivre les fuyards, et en attendant le retour de sa troupe, il conduisit lui même les mulets à son château.
Bientôt après s’éleva, comme par enchantement, l’aile droite du château, et cependant tout le trésor ne fut point épuisé. Ce qui restait fut secrètement placé sous une marche du grand escalier et le riche châtelain déposa dans ses archives qu’ un trésor était caché dans le château , mais sans indication du lieu. Sa pensée, peut-être, fut d’engager ses descendants à ne jamais abandonner une habitation où d’un jour à l’autre ils pourraient trouver une brillante fortune car il descendit dans la tombe en emportant son secret.
Ne pouvant se qualifier seigneur de Peyreleau, d’Albignac prit le titre de seigneur du Triadou. Voici l’étymologie que l’on donne à ce nom. Les habitants de Peyreleau avaient beaucoup de chèvres qu’ils faisaient garder par un berger commun. Le soir au retour du troupeau, on allait, à l’entrée du village, faire le triage, ce qui fit donner à celle partie du ravin le nom du Triadou. Le château se trouvant construit près de cet emplacement, il fut facile au châtelain de prendre un titre que personne ne songeait à lui contester. Cependant vers le commencement du xviiie siècle, comme nous l’avons dit, le seigneur du Triadou acheta la seigneurie de Peyreleau.
Certaines parties du château du Triadou portent les caractères de la renaissance, surtout la chapelle, séparée du manoir par une belle terrasse. Elle est bâtie en forme de dôme octogone, avec porte en plein cintre, richement sculptée, surmontée des armes d’Albignac. Par-dessus, une niche, veuve de sa statue. Le toit était couronné par une tour également octogone, en charpente et avec nombre de vitraux. Au milieu était suspendue une petite cloche en argent pesant de 25 à 30 kilogrammes. L’intérieur de cette chapelle dédiée à la Vierge est encore orné de jolies fresques représentant divers mystères de la vie de Marie.
Ce château fut pillé par les révolutionnaires de Millau le 20 juillet 1791. Pour en venir là, on eut recours à un stratagème fort usité dans ces temps d’irritation et de méfiance. Le bruit fut répandu que des mouvements sérieux se préparaient sur plusieurs points de l’arrondissement. Des envoyés de la société populaire de Millau, se disant bien informés, assurèrent aux administrateurs du département que les royalistes s’assemblaient du côté de Saint-Jean-du-Bruel, de Compeyre et de Peyreleau, ayant à leur tête MM. d’Albignac et Pourquery du Bourg ; qu’une partie des insurgés devait se rendre au camp de Jallès, dont on commençait à parler, et l’autre fondre sur Millau ; leur projet bien arrêté, disaient-ils, était de se réunir pour ce coup de main au château du Triadou, place très propre par sa position à favoriser ce mouvement, et à résister même au besoin, se trouvant pourvue de canons, d’armes et de munitions de toute espèce. Les députés insistèrent tant sur l’imminence du danger, que l’administration du département se décida à envoyer l’un de ses membres, Molinier de Sévérac, pour faire désarmer le château. Celui ci s’y rendit avec un fort détachement de patriotes millavois. La place fut investie selon les formes. On n’en approcha qu’avec de grandes précautions, et ceux des assiégeants qui n’étaient point dans le secret de l’expédition ne furent pas médiocrement surpris d’en voir les portes ouvertes, d’y pénétrer sans résistance, de n’y trouver ni armes, ni canons, ni rebelles : la seule garnison se composait d’un vieux concierge et d’un jardinier éclopé.
Or voici quel était ce secret.
La tradition du trésor caché était connue, et bien qu’on sût qu’il avait échappé jusques là aux actives recherches des seigneurs de Triadou, nul ne mettait en doute son existence. Il n’en fallut pas davantage pour enflammer le courage de certaines gens qui entrevoyaient la possibilité de mettre la main sur le trésor et de tirer de leur démonstration patriotique autant de profit que d’honneur. Le complot royaliste ne put donc surgir plus à propos.
Pendant longtemps les fouilles furent infructueuses. On désespérait déjà, quand en montant l’escalier, un coup frappé au hasard annonça une cavité. On enleva la marche, et on découvrit deux caisses de plomb qui avaient été renfermées dans autres deux caisses de chêne, mais qui étaient vermoulues. Un homme pouvait à peine porter une de ces caisses entre ses bras. Ce trésor avait été enlevé aux huguenots et les huguenots le reprirent.
On crut généralement alors à Millau que le trésor avait été trouvé et l’on nommait même ceux qui se l’étaient partagé. Deux ou trois fortunes que l’on vit surgir subitement à cette époque confirmèrent cette opinion.
La branche de Montal avait la seigneurie d’Hure dans le canton de Meyrueis (Lozère) et un château à Nivoliès, dans la même commune d’Albignac.
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DE CAPLUC
Seigneurs de Capluc, en Gevaudan ; du Maynial, de Veyreau, de Peyreleau, en Rouergue.
Le château de Capluc (caput lucis), berceau de cette puissante maison, s’élevait au confluent du Tarn et de la Jonte, sur un pic qui domine de très haut le cours de ces deux rivières. Il n’en reste que quelques pans de muraille et la chapelle, de style byzantin, qui sert maintenant de grange. Une plate-forme, de très difficile abord, commande les ruines de l’antique manoir. Elle était ceinte de remparts crénelés dont on ne voit plus que les débris. Au milieu de cette plate-forme gît un énorme rocher, dans les flancs duquel on avait creusé une grotte pour la sentinelle. Pendant les jours mauvais de la révolution, ce réduit servit d’asile à plusieurs prêtres. Une petite table, taillée dans le roc, devint leur autel. Sur le devant, est une belle citerne, encore couverte de sa voûte romane. De la plate-forme de Capluc, le regard s’étend au loin et n’aperçoit tout autour que des abîmes. Le château de Capluc, en 1300, dépendait de celui de Peyrelade (Arch. du domaine à Montauban).
La terre de ce nom s’étendait sur la montagne du causse Méjan dans le Gevaudan, et n’était séparée de celle du Maynial et de Veyreau que par la Jonte.
… Peu de temps après, en 1320, de vifs démêlés éclatèrent entre les seigneurs de Mostuéjouls et ceux de Capluc qui étaient alors Pierre de Capluc, chevalier, Richard Astorg et Gaucelin de Capluc, damoiseaux. Guillaume de Mostéjouls, seigneur de Liaucous, qui prétendait avoir des droits sur le château de Capluc, marcha contre ses voisins à la tête de ses vassaux, et s’empara de vive force de leur manoir. Un acte d’accord mit fin la même année à cette guerre. Il fut décidé que les seigneurs de Liaucous auraient à perpétuité, durant le mois d’août de chaque année, la garde du château de Capluc avec l’administration de sa justice (Tit. du château de Mosluéjouls).
En 1607, Jean de Tubières-Grimoard vendit à Simon d’Albignac, seigneur du Triadou, les terres de Capluc et de Veyreau pour la somme de 47 000 livres. Ce Simon d’Albignac descendait en ligne directe de Pierre d’Albignac et de Flore de Capluc, mariés en 1479, celle-ci fille de Guillaume de Capluc et d’Orable Guitard.
Cette branche cadette de la maison de Capluc habitait le château de Peyreleau. Elle avait des biens dans les mandements de Peyreleau, du Maynial et de Montméjan. Flore de Capluc n’ayant eu qu’un frère, Louis de Capluc, qui entra dans l’état ecclésiastique, et était curé, d’Auzits, diocèse de Rodez, en 1510, devint l’héritière de sa maison dont elle porta les biens dans la maison d’Albignac.
A partir de 1607, les d’Albignac furent seigneurs de Capluc, du Maynial, de Veyreau, de Peyreleau, et ils créèrent à Peyreleau une seule justice seigneuriale pour tous les lieux sur lesquels s étendait leur juridiction.